Les clients - 1ere partie
Jihem

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Les clients - 1ere partie

Par Jihem - 25-09-2008 09:10:41 - 5 commentaires

Vertige 

Fin de week-end. Impression de plus en plus présente que le monde va trop vite pour moi. Pas eu le temps d’appeler l’ami. Encore cette fois. Pas ce sentiment d’être assez disponible pour les miens. Pas eu le temps d’être un citoyen.

 

Retour au travail. Un mot d’ordre : satisfaction du client ! Que veut dire ce leitmotiv, devise accroché au blason de chaque entreprise, de chaque entreprise moderne. Modernité !

 

Qui est donc ce client, cet autre, ce il ou ce on ? Satisfaire l’autre, que cela veut-il bien dire ? Cela signifie-t-il l’écouter ? Echanger avec lui ? Avant l’apparition de ce slogan, de ce concept, était-il plus difficile d’écouter cet autre ? Ne pouvait-on lui accorder pas ce temps nécessaire à sa compréhension ? Pour moi, satisfaire l’autre RIME en tout cas avec le temps qu’on lui ACCORDE, avec l’oreille qu’on lui PRETE.

 

Pour me faire progresser, ils ont créé des NAP, des Notes d’Amélioration et de Progrès. Elles permettent à l’autre, mon autre,  mon client, d’exprimer ce qu’il me faut améliorer. Mon autre a ainsi la possibilité de m’évaluer, où du moins d’évaluer le service que je lui rends au travers de critères objectifs et aisément organisables. Ma prestation. Pour être honnête, je dois préciser qu’on m’a accordé le droit d’agir en tant que client. En cherchant bien, je suis certainement le client d’un autre et je peux, j’ai le devoir d’évaluer les services qu’il me rend, que je suis en droit d’obtenir de lui. Je peux consommer un peu de l’autre comme l’autre peut un peu me consommer.

 

Les gens, les ILS qui ont élaboré cela me donnent l’impression de maîtriser leur sujet (leurs sujets ?). Ils semblent avancer armés de certitudes. Moi, plus je vieillis, plus j’avance dans l’âge, et plus je doute. La sagesse est-elle faite de doutes ou de certitudes ? Ils évaluent, ils m’évaluent. Ils suivent la productivité, maîtrisent les coûts. Ils savent quand un « on », un autre est ou n’est pas, ou plus, un bon producteur de VALEURS. Ils le lui disent, le lui signifient. Quelquefois, ils le flattent. Ils le sanctionnent aussi parfois. La sanction est une issue de secours, un outil pour ceux qui nous gèrent (leurs ressources), qui permet de garder la cohésion de l’entreprise, de MAINTENIR LE CAP. Ils sont dans la vraie vie. Ils en ont compris ses implications et ses exigences.

 

J’essaie de comprendre. Des fois, souvent, il m’arrive de rêver. Je crois que j’en ai besoin. J’ai toujours beaucoup aimé rêver. Etre un visiteur, un regard de cette vraie vie. Mais c’est inutile pour l’entreprise. Ca ne correspond pas au besoin de mon client. On me dit parfois que je suis idéaliste, que c’est respectable. Mais que ça ne produit pas de VALEURS. J’essaie de faire part de mon expérience de la vie au gré de ce qu’elle m’apprend ou me désapprend. Au gré de mes oublis et de mes réveils.

 

Aujourd’hui, ON me dit qu’il faut saisir les opportunités commerciales, qu’il faut savoir saisir des opportunités professionnelles. Qu’est ce que cela signifie pour moi, cette nécessité d’être opportuniste pour pouvoir SE REALISER ? Saisir ma chance, avant que LES AUTRES ne s’en emparent ? Est-ce un jeu lorsqu’on me parle de compétition ? Un jeu où il est préférable de ne pas perdre, ou la donne n’est jamais équitable. Un jeu qui ressemble à une guerre !

 

On me dit qu’il faut être efficace. Ca ne suffit pas. Alors on m’invente des mots. Ou plutôt on les répète. Il me faut être pro-actif. Comme une lessive qui lave plus blanc que blanc. Savoir devancer l’attente du client avant même de l’avoir écouté.

 

La tête me tourne, j’aimerais comprendre.

 

L’efficacité (l’efficacité à quoi faire, pour quoi faire ?) dépend du travail de la collectivité, de la façon de s’organiser ensemble. Là aussi, nouveau mot : Il faut être transversal !?! Pourquoi ce mot, emprunté ailleurs, et dont l’écho résonne d’une entreprise à l’AUTRE ? Ce mot qui semble si éloigné d’une idée de convivialité. Un mot ordinairement accroché aux CHOSES. Certainement qu’il s’agit là de faire « fonctionner » ensemble des clients mutuels, de les interconnecter.. D’utiliser au mieux la ressource humaine, de développer les synergies. Encore l’echo !

 

Pour savoir si je suis un élément suffisamment fiable, assez efficace, on m’évalue. L’avis des clients est certainement pris en compte, mais ce ne sont plus eux mes évaluateurs. C’est un autre ON. Moi j’ai la chance que ce soit un IL. Pour l’instant. L’évaluation consiste à être « apprécié » selon son mérite, par des gens qui ne connaissent que peu de choses de vous de vos difficultés de vos contraintes, de VOTRE HISTOIRE. Ces gens savent évaluer votre VALEUR professionnelle. La valeur prise en compte est la VALEUR TRAVAIL. Le travail, une valeur.

 

J’ai passé l’age de l’adolescence sans doute depuis longtemps. On m’a appris la DEMOCRATIE, les grands principes, la liberté… En démocratie, je suis adulte et libre, libre de m’exprimer et de décider avec les autres citoyens. Un peu. Pourtant, dans ce « microcosme » qu’est le monde du travail, on m’explique que pour que le système fonctionne, il faut que les gens qui savent prennent les grandes décisions, définissent les orientations. Parce qu’ON sait qu’un système où la collectivité décide ne fonctionne pas, que les commandes doivent être tenues par les gens qui savent, et qui veulent. Citoyen adulte. Salarié adolescent. Bizarrerie… J’ai remarqué que souvent, les ONs s’attachent au comment y aller, parfois où aller. Rarement au pourquoi. Sans doute parce qu’ils estiment que le pourquoi est le rôle, la fonction d’autres ons. Bien séparer les tâches. Pour nous, il s’agit de faire fonctionner le système à tout pris sans savoir pourquoi. Comme un cœur qui bât.

 

La tête me tourne, il est temps de réagir.

 

Il faut être moderne, vivre avec son temps. Le temps de qui ? Le temps des AUTRES ? Y-t-il un temps commun pour tous ? Moi, j’aime et j’ai besoin de prendre mon temps … Le mien, mon rythme. Je ne suis pas certain qu’on puisse vivre avec son temps quand on aime à s’attarder à le perdre. Trop consommateur.

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5 commentaires

Commentaire de shunga posté le 25-09-2008 à 09:27:40

Tu connais Paul Lafargue ?
T'es sûr que tu vas pas craquer ?
La vie d'un homme se divise en cycle de 7 années aproximativeS. Chaque changement de cycle engendre une mégacrise d'identité, de remise en question etc etc
Tiens le coup ça ira beaucoup mieux quand tu auras dépassé l'âge marathon
Te reste un peu plus de 20 ans avant la retraite, ça serait con d'arrêter maintenant !
Be a Man !

Commentaire de BENIBENI posté le 25-09-2008 à 11:20:10

Ah ! Les clients...Va falloir que j'achète une belle pelle un jour...Pour entere certains d'entre eux...

Commentaire de Epytafe posté le 25-09-2008 à 17:40:15

Le seul moyen de rester nobles dans cet étalage de conneries est, à mon humble avis, de refuser le rôle de client. Je ne remplis pas les fiches divers qu'on me donne, refuse cette immense et très conne prétention du : "J'en ai le droit, j'ai payé !"... Je me fais parfois arnaquer, mais avce l'esprit un tout petit peu plus libre...

Commentaire de shunga posté le 26-09-2008 à 20:08:00

Quel succès !

Commentaire de grandware posté le 26-09-2008 à 20:53:54

Mon petit doigt me dit que tu vas prendre une sacré cuite ce week end... A la santé du grand capital et des indices de performance... Nazdrovie camarade !!

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