Par Jihem - 24-10-2009 00:57:22 - 7 commentaires
Histoire d'OS
L'exercice de la modération d'un forum est sans aucun doute un exercice difficile et exigeant et, bien qu'ayant connu quelques revers acides par le passé, j'ai beaucoup de respect pour la qualité de la modération du monde merveilleux de kikourou. En résumé je vous aime bien. Il est possible de parler librement tant que les règles de respect mutuel et de tolérance sont respectées ou presque. Il y a pourtant un mais à mon sens. Je ne reviendrai pas sur les vieux débats sur ce qui est permis ou pas comme parler de la politique qui serait pas beau, des chiens qui serait pas bien ou du cas des produits dopants trouvés dans les poubelles du club de bridge des mémés par coureuses à Deauville les Pins. Non, je parlerai d'un récent post qui m'a fait un peu bondir et sur lequel j'ai failli réagir assez fraichement malgré un début d'automne plutôt clément (qui ne court pas lui non plus d'ailleurs).
Ce post qui me rappelait au cas où je l'aurais oublié que la règle principale qui régit ce forum, et qui me semble d'ailleurs une bonne règle, est celle de l'acceptable. Tout ce qui est acceptable peut légitimement s'écrire dans les forum de kikourou. C'est là que ça m'eût parfois fâché, et que ça me fâche encore. L'acceptable est parfois un acceptable convenu. Certes, il n'est pas acceptable de plaisanter sur la couleur de peau, les origines ethniques surtout s'il s'agit de populations habituellement ciblées par des propos ou attitudes racistes. Globalement, on peut dire que des propos à caractère discriminatoire sont malvenus chez kikourou qui est quand même un repère de gens de bonne famille à part deux chauves et une blonde que je ne citerai pas ici. Je tends ici volontairement une perche pour me faire battre dans un futur proche... Ainsi, personne ne pourra tenir impunément des propos caractérisés à caractère discriminatoire, xénophobe, homophobe ou autre. Je n'ose même pas ici un presque qui pourrait faire débat...
Le post qui m'a heurté ne contient aucune injure, ni intention, ni acte discriminatoire caractérisé. Un post tout à fait acceptable en somme. Les auteurs me sont ou pourraient m'être tout à fait sympathiques. Ils pourraient être moi après tout. Ou moi eux. A cette heure le sens n'est guère important. Seulement voilà, doit-on rire de tout et n'importe où ? En l'occurence, Ce post déroule quantité d'allusions sur ce qu'il est convenu d'appeler les pédés. On plaisante ("tu serais pas un peu..."), mais au passage on s'entoure d'un cordon sanitaire en n'oubliant pas de faire comprendre au lecteur qu'on "n'en est pas". Sait-on jamais... Nous sommes ici dans l'acceptable convenu. Je m'arrête là. Je laisse libre cours à la réflexion de chacun en espèrant que qui me lira comprendra ou essaiera de comprendre au delà d'un réflexe d'auto-défense bien naturel (je ne suis pas talali talala).
Je n'ai pas de réprimande à faire à nos modérateurs que j'ai saisi pour l'occasion, car arrêter un tel post provoquerait l'incompréhension. Je me suis moi même dit que réagir ne provoquerait que réactions hostiles et ... incompréhesion. Pas facile de réagir en face des habitudes installées et parfois partiellement inconscientes.
Au fait, pourquoi ce titre "histoires d'os" ? os pour orientations sexuelles.
Vers une internationale molomaniaque ?
Par Jihem - 08-10-2009 17:39:22 - 3 commentaires
Répression du rêve : rêvirivoltons-nous !
Le 19 septembre 2009, la direction annonçait la commande d'un audit (un de plus !) auprès du célèbre cabinet Roi Arthur & Comte Andersen Consulting (ce qui ne s'invente pas !). Cette étude visait à repérer des pistes d'amélioration de la productivité de l'entreprise. Au mois de mars, la direction faisait état des résultats de cet audit, en particulier de son principal « enseignement ». Une cause majeure faisant frein à la performance serait ce « phénomène » récent qu'est la molomania. Celle-ci provoquerait de très perceptibles pertes d'attention et une tendance à la rêverie. Le rapport estime que représente un risque majeur pour l'entreprise les perturbations affectives que peut provoquer l'idéalmolo et on observerait déjà localement des situations de pré-dépendance. La direction dit prendre la mesure du problème et demande d'urgence l'ouverture de négociation visant à réglementer et limiter l'accès à cette molécule. Elle soumet l'idée d'imposer le dosimolo®, afin de mesurer le niveau d'exposition subi par les personnes concernées. Dans l'attente de l'ouverture des débats, elle a d'ors et déjà pris une mesure conservatoire en envoyant les molo-e-s dépendant-e-s courir dans les montagnes. Autre mesure de taille : La mise en place annoncée d'une aide au sevrage et la mise à disposition gratuite de cachets de méthadomoloane®, substitut puissant à la tendresse.
La tendresse mise au banc
L'idéal molo, c'est notre droit au rêve, à la douceur, à la tendresse. Nous devons le défendre et le préserver. Le rêve est un droit universel et légitime, nous devons garder cette égalité onirique face à la réalité, organisée, décidée de façon unilatérale par les dirigeants.
Se priver d'imaginaire ?
Le rêve, c'est la créativité, l'imagination. Certes, le rêve n'est pas générateur de croissance, de performance économique. Et comment prévoir l'avenir de l'entreprise en interdisant l'imagination. De quelles innovations seront nous capables. Mais il est une « matière » inépuisable, non dégradable mais non dégradante. En connaissez-vous beaucoup ? Le rêve, c'est l'acte citoyen par essence.
L'heure de l'action : ré'mol'ution onirique
Ce lundi 11 octobre, nous vous proposons de nous retrouver en Assemblée Générale de nous concerter et de mettre en place une réaction collective. Nous adressons d'ors et déjà un ultimatum à la direction. Si les mesures qu'elle prévoit sont appliquées sans concertation, nous déclencherons une immense bombe à bulle. Lors de cette AG, alors que nous demanderons à chacun-e d'imaginer sa rébellion, nous proposerons le port d'une fleur, celle de la résistance onirique. Elle portera l'inscription suivante
« Laissez-moi rêver, ne touchez pas zamolo ! »
Par Jihem - 07-10-2009 15:07:39 - 4 commentaires
Les 30 jours de Rose
Je courrai sur les quais. Devant les péniches amarrées sous le jardin des Tuileries, le bouquet de fleurs posé sur l'une d'elle me fit réaliser pourquoi je l'avais nommée ainsi : Rose. C'est surprenant ce que notre inconscient peut faire pour nous. Ce prénom m'était d'abord apparu sans comprendre pourquoi. je ne crois pas avoir jamais connu de femme s'appelant ainsi. C'est donc la veille au même endroit, précisément, que j'avais rencontré Rose pour la première fois. Une étrange rencontre puisqu'avant cet instant, Rose n'existait pas. Sans doute pas. Elle naissait devant moi de mes pensées soudaines, fruit de mon inconscient. Elle naissait et n'avait ni histoire, ni passé. Et un improbable avenir intimement lié à la paresse ou l'euphorie de l'auteur. Un destin lié à ses humeurs aussi. Je ne saurais dire à ce moment précis à quoi ressemble Rose. C'est vous qui m'aiderez peut-être à la faire exister, à se réaliser. A votre insu sans doute, en m'offrant vos remarques, j'utiliserai vos personnes et les mènerai où bon me semble, revenant vers vous pour quelque rendez-vous. Rose n'a pas d'histoire, mais elle a un point de départ. Les quais de la Seine, quelque part entre les péniches amarrées et le jardin des Tuileries...
Le dernier métro était passé. Rose rentrait seule, avait traversé les 2 porches du Louvre avant de descendre le long de la Seine. Elle n'était ni gaie ni triste. Juste troublée. Elle regardait les péniches fleuries en songeant au projet dont ils avaient parlé la soirée durant dans ce petit restaurant italien tout près de l'Eglise Saint-Eustache. Ils, c'était ses trois collègues et amis, Céline, Manu et Barbara. Le projet, c'était celui de Matt, un ami proche de Céline et qui l'avait accompagnée pour l'occasion. Matt était Libraire de métier, amoureux de théâtre et de poésie. Il avait été longtemps enseignant, et il avait à cœur de susciter les passions de faire découvrir la littérature, d'encourager la création. Il désirait rassembler autour de lui des personnes qu'il prenait le temps de choisir et de solliciter, lors de diners qui se prolongeaient parfois tard dans la nuit. Des personnes sans talent évident, sans bagage artistique, sans vocation créatrice. A priori. Des personnes animées simplement d'une envie vague, laissant apparaître une personnalité qu'il jugeait originale, une sensibilité qu'il trouvait évidente. Il proposait d'offrir à ces quelques personnes qu'il tentait de réunir, la possibilité d'écrire. Un roman, une nouvelle, un recueil. 30 jours durant, ce groupe devait se réunir pour parler de ses écrits, pour raconter son quotidien, les rencontres respectives, anodines ou pas. Chacun ayant pour but de se nourrir de ces échanges, de ces discutions, de s'approprier le quotidien de l'autre pour animer ses propres personnages. Et créer.
A la rencontre de Rose
A peine l’existence de Rose évoquée, je sens qu’il est temps de m’arrêter, de me poser. Je n’ai pas oublié Rose ces dernières heures. J’ai même imaginé des scénarios qui la faisaient exister davantage. Ou qui lui donnait une place entre l’auteur et sa propre histoire. Rose n’a pas de visage encore, pas de couleur, pas d’odeur. Je ne sais si elle est petite ou grande. Si elle m’est sympathique, si elle est séduisante. Quel est le timbre de sa voix. Si elle m’est reconnaissante de lui donner une existence, quelques instants de vie. Peut-être n’attend-elle rien de moi. Quand au lecteur, je le sens perplexe. Il sent certainement que l’auteur va être un peu barbant s’il poursuit dans ce style narratif mal maîtrisé et très lancinant. Et le lecteur a bien raison. Après tout c’est lui le roi, même si au final, je fais ce que je veux. Oui, dans ce récit, j’ai décidé de faire ce que je voulais. En l’occurrence je choisis de partir à la rencontre de Rose. J’avais bien pensé que nos chemins se croiseraient un jour ou l'autre, mais pas si tôt, et certainement pas si directement. Par quel moyen la rencontrer puisque je ne pourrais la reconnaître ? Dans la cour de l’école quand j’étais gamin et qu’on se racontait des histoires, on commençait souvent par « On dirait que … ». Donc, on dirait que je connaissais le numéro de téléphone de Rose. A cette heure, parions qu’elle est encore chez elle.
« Allo ? Rose ? »
« Allo ? Vous êtes ? »
« Jean-Michel, Jihem, vous me situez ? »
« A vrai dire pas vraiment. On se connait ? »
« Oui, enfin peut-être. Pas vraiment ».
« Ecoutez, je suis fatiguée, allez faire vos plaisanteries ailleurs »
Rose avait raccroché. Me voilà bien. Je ne possède d’elle que le son de sa voix. La voix un peu rauque d’une nuit sans sommeil, laissant toutefois deviner un accent des montagnes quelque part dans la partie est du drôle d’hexagone.
Comment pénétrer dans l’univers Rose ? Comment faire qu’elle prenne corps ? Qu’elle soit actrice de son histoire, qu’elle s’émancipe et que ma plume la suive ? Rose ne peut exister que par mon propre désir de la faire évoluer. Je ne peux me permettre de la froisser, de la faire fuir. Les premiers contacts entre l’auteur et son personnage sont forcément délicats j’imagine. Je fis part de mon désarroi à mon collègue de bureau. « Tu as son téléphone me dit-il, rappelle-là, laisse-lui un message sur son répondeur »Evidemment. Mais l’idée de remettre entre les mains de mon personnage la décision d’entrer ou non en contact avec son auteur me semblait saugrenue. Mais après tout, avais-je d’autres choix ? Il a tout de même des idées étranges mon collègue.
Après quelques heures d’hésitation, je décide de composer de nouveau le numéro. Fébrilement. Si elle répond, me dis-je, il en sera fini de Rose. Après 3 sonneries, j’accueille avec soulagement le message enregistré.
« Vous êtes bien chez Rose. Peut-être êtes vous Jihem ? Je l’espère. Je le pressens. Veuillez me pardonner pour tout à l'heure. Je n'ai pas compris qu'il s'agissait de vous. S’il vous plait, ne me laissez pas de message. Je ne saurai qu’en faire. Retrouvons-nous ce soir si vous le voulez dans un restaurant que vous choisirez, à l’heure et au lieu qu’il vous plaira. Je vous en prie, le projet de Matt me séduit. Mais de par votre seule volonté je pourrai y souscrire."
A ce moment, je suis partagé entre un sentiment jouissif de savoir l’existence de Rose se déssiner davantage et l’inquiétude de cette situation absurde. Je n’avais pas prévu d’aller si loin dans l’étrange, dans l’irrationnel. C’est un monde qui me parle peu et que je ne connais guère.
Ainsi j'allais la voir et dans un même instant lui offrir un visage, une expression. Puis livrer au lecteur quelque trait de sa personnalité. Dessiner le lieu de notre rencontre imaginaire ou pas, un peu des 2 sans doute.
Il était 13 heures et je n'avais pas faim. Je décidais d'aller courrir.
Par Jihem - 06-10-2009 11:03:58 - 2 commentaires